Divorcer en paix

Ah que j’envie tous ces gens si parfaits qu’ils se sentent le droit de condamner sans appel un homme qui a failli, le reconnaît sans minimiser ses actes et sans incriminer qui que ce soit d’autre que lui-même.

Mais cet homme a failli et par conséquent on lui fait un procès public.

Un procès ? Non, même pas. Un procès se doit d’être équitable et donc, en tout premier lieu de connaître au mieux tous les éléments à charge et à décharge qui ont conduit à un geste dont tout le monde admet qu’il ne doit pas être, en second lieu d’entendre les deux parties en cause et en troisième lieu de fournir à l’accusé une défense digne de ce nom.

Moi, la pacifique, qui ait eu dans ma vie lors de deux moments d’exaspération extrême, par deux fois et sur deux hommes différents dont un conjoint, un geste physique violent, je ne peux donc me targuer de cette perfection qui anime forcément ces gens qui condamnent sur deux ou trois mots choisis dans une longue confession.

Adrien Quatennens a écrit un long texte dont ces gens si parfaits ne retiennent que les mots qui alimentent leur hargne.

J’ai même lu des extrapolations de ce qu’il a écrit. Par exemple, une personne écrit sans gêne (SIC) :

« Je prends seulement les éléments du communiqué d’Adrien : IL n’y a pas eu qu’une giffle
il l’a saisi violemment
l’a faite tomber contre un radiateur
l’a harcelé par message
lui a pris son telephone pour controler ce qu’elle faisait alors qu’ils étaient en instance de séparation. »

Donc j’ai repris le texte d’Adrien ou je lis :
« Dans un contexte de rupture de communication entre nous, je lui ai saisi le poignet »
puis plus loin
« Je lui ai pris son téléphone portable. Voulant le récupérer, elle m’a sauté sur le dos. Je me suis dégagé et en me relâchant, elle s’est cogné le coude »

Cette personne « prend seulement » mais allégrement ajoute « violemment » « faite tomber contre un radiateur », « harcelée », « pour contrôler ce qu’elle faisait »
Et, comme nous ont habitué à le faire les journalistes, elle laisse volontairement de côté :
« nous avons eu des disputes »
« elle m’a sauté sur le dos »
« dans un contexte d’extrême tension et d’agressivité mutuelle ». Mutuelle.

Oui les violences conjugales c’est extrêmement grave mais assimiler un geste excessif (et sincèrement regretté) d’une altercation entre époux (je répète la phrase d’Adrien : “dans un contexte d’agressivité mutuelle”) à des violences conjugales est totalement contre productif dans la lutte contre les violences domestiques.

A se vouloir trop féministes, certains et certaines font de la femme un objet fragile, inerte et passif et tout geste ou parole de l’homme devient une agression sexiste ou une violence conjugale. Le texte d’Adrien présente sa femme comme partie prenante dans la dispute et l’affrontement : agressivité mutuelle.

Rappelons que dans ce qu’on appelle violence conjugale, il y a volonté pour l’une des personnes de contrôler l’autre et qu’il faut bien faire la différence avec les disputes et bagarres de couples.

Seule la justice serait en mesure de qualifier les faits. Or nous sommes ici en présence d’un divorce pour lequel les deux protagonistes souhaitent, ils l’ont écrit ensemble, préserver leur vie privée.

Rappelons aussi un des éléments essentiels de la main courante :
« L’auteur des faits n’aura pas connaissance de votre main courante et ne sera pas convoqué. »
La question et la seule qui devrait actuellement être posée c’est pourquoi et par qui non seulement la personne visée par la main courante mais la France entière sont informées.

Vous les gens parfaits et qui semblez tout savoir comme si vous aviez vécu avec eux les scènes du couple Quatennens, méditez les paroles de Mathilde Panot (Le Grand Jury, 18 septembre 2022) :
« On ne respecte pas la parole des femmes.
Quand elles veulent porter plainte, elles ne sont pas prises en charge. Quand Céline Quatennens refuse de médiatiser sa main courante, ce n’est pas respecté »

Céline Quatennens a déposé une main courante, pas une plainte. En cas de divorce, chacun aiguise ses armes et les avocats conseillent souvent le dépôt de mains courantes au cas ou le divorce ne se contente plus d’être « à l’amiable ».
Cette main courante a été lancée au public contre la volonté expresse de son auteure. Puis le couple a publié un communiqué commun pour demander qu’on les laisse divorcer en paix.

Mais ça n’a pas suffi aux avides de sensations, aux juges auto-proclamés. Il fallait qu’Adrien s’explique, il fallait à tout prix briser cette intimité que le couple réclamait haut et fort et à juste titre.
Maintenant Adrien, avec une franchise extraordinaire, expose ses torts et va plus loin en démissionnant de son rôle de coordinateur de la FI.

Mais ça ne suffit encore pas !!

C’est quoi la prochaine étape ? Une interview de Céline Quatennens, des reportages auprès de leurs familles et de leurs voisins ?
Certain.e.s voudraient même le voir disparaître complètement de la vie publique !

Un lynchage public n’est pas la justice et ne l’a jamais été.

Au Moyen-Age, les gens jouissaient des exécutions publiques avec tortures. Ces gens d’aujourd’hui qui se pensent si parfaits jouissent de la même chose sauf que les tortures ne sont plus physiques.

Ces excessifs en tout ne pensent même pas à ce qu’ils font subir à Céline Quatennens sous prétexte de prendre le parti des femmes. La pauvre qui voulait juste prendre des précautions en cas de divorce difficile se retrouve à devoir culpabiliser d’avoir désigné son mari, le père de sa petite fille, à la vindicte populaire.

Il n’y a rien de plus violent, pas même une gifle, que ces condamnations à l’emporte-pièce, sans jugement, sans retenue et sans humanité.

Fort heureusement, j’ai aussi lu de nombreux soutiens à Adrien et par conséquent à sa femme. Oui, par conséquent puisqu’ensemble, ils ont communiqué sur leur désir d’intimité.

De quel droit piétiner la propre volonté de Céline ? Parce que genrée femme, ce serait à celles et ceux qui se disent féministes de parler et agir à sa place ? Mais pour qui se prennent ces gens ?

4 Comments on “Divorcer en paix

  1. Sous couvert de défendre la cause féministe et de lutter contre les violences faites aux femmes (ce qui est une très noble cause) certains et certaines n’hésitent pas à utiliser et à jeter en pâture et ce à des fins qui semblent toutes autres, la vie privée des gens contre leur volonté. Cette « affaire » n’est en fait qu’un banal divorce qui ne se passerait pas dans la meilleure des façons malheureusement comme cela se produit de très nombreuses fois. Et tous ces moralisateurs et accusateurs commentent à l’envie des choses dont ils ne connaissent rien.

  2. Une main courante déposée en gendarmerie ne veut pas dire “plainte”. C’est seulement une déclaration qui doit restée à cet endroit et restée secrète. Ce que voulait d’ailleurs sa femme. Apparemment il y a eu “fuite” et c’est très grave, car cela veut dire faute professionnelle. Un divorce se règle à l’amiable ou en justice, mais en aucun cas dans les médias. Pourquoi cette avalanche de haine envers lui ? Faire le mal et détruire la personne ? Vraiment, quand on voit ailleurs comment cela se passe, j’en suis écoeurée.

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